De nos jours nous sommes encore très nombreux à vivre préférentiellement en milieu urbain plutôt qu’à la campagne. La technologie est omniprésente envahissant notre quotidien avec ces smartphones, ordinateurs, télévisions, éclairages artificiels, véhicules à moteur, et autres maisons dites intelligentes grâce à la domotique.
Beaucoup de nos contemporains pensent qu’il faut savoir vivre avec son temps et que la technologie est devenue indispensable à notre confort. Il est certain que nous vivons mieux d’un point de vue matériel. Cependant nous nous sommes totalement déconnectés de notre essence profonde et avons même oublié qu’il est primordial de suivre le rythme de la nature, des saisons pour vivre en harmonie avec soi et les autres.

Il fut une époque pas si lointaine où les occidentaux se levaient le matin aux aurores et se couchaient le soir avec le soleil respectant ainsi leurs rythmes circadiens fondamentaux. L’équilibre de vie que ce soit psychique ou physique était bien plus adapté à leurs propres besoins.
La connexion permanente avec les éléments extérieurs naturels permettait de s’ancrer dans le présent et de vivre en harmonie avec la nature dont nous faisons partie intégrante.

De plus dans notre société occidentale du XXIème siècle, la force des représentations symboliques est bien moins présente qu’au cours des siècles et des millénaires précédents. Aujourd’hui ces symboles sont trop souvent liés à la consommation et n’ont quasiment plus de lien direct avec notre histoire et nos racines. Dans un monde où tout va toujours plus vite, pour que les hommes et les femmes se  sentent à leur place, il est essentiel de retrouver des repères archétypaux et de réinventer des rituels ancrés dans la matière et dans le temps.

Et si nous nous écoutions davantage et qu’en observant simplement cette nature composée de la faune, de la flore, des astres, des nuages, des rivières, de la mer, des montagnes,… nous rétablissions le contact avec nous-mêmes et notre moi profond.
Notre instinct et notre intuition reprendraient ainsi leurs justes places ; l’humain oubliant trop souvent qu’il est lui-même un animal.

Faisons un peu d’histoire pour découvrir comment nos ancêtres accueillaient les saisons et plus particulièrement l’automne. Ceci nous permettra de mieux comprendre ce qui se cache encore aujourd’hui dans notre inconscient collectif et que nous pourrions peut-être nous réapproprier facilement.

Commençons tout d’abord avec les grecs anciens. Cette période de l’année  était consacrée à Dionysos, fils de Zeus et de Sémélé, une mortelle. Ce dieu mourrait mais il était aussi en capacité de renaitre ; rappelant ainsi que l’automne annonce la fin d’un cycle qui cependant n’est pas définitif. Il était le dieu des vendanges mais aussi celui du choix.

Dans la culture gauloise au début de notre ère, d’après le calendrier lunaire-solaire de Coligny retrouvé en France dans l’Ain, dans la ville du même nom et qui date du 2ème siècle de notre ère, les saisons étaient au nombre de quatre :
. La Samain autour du 1er novembre
. Imbolc autour du 1er février
. Beltaine autour du 1er mai
. Lugnasad autour du 1er août

Les deux équinoxes du printemps et de l’automne ainsi que les deux solstices de l’été et de l’hiver marquaient le milieu de ces quatre saisons. Remarquons qu’il existe un décalage d’une cinquantaine de jours entre les saisons telles qu’elles étaient symbolisées à cette époque et nos saisons actuelles.

Ce célèbre calendrier de Coligny ressemble au calendrier solilunaire védique des brahmanes, l’équivalent des druides chez les hindous.
Il faut savoir que toutes ces cultures ont une origine indo-européenne identique puisque les gaulois faisaient partie du peuple celte qui lui-même était originaire des pays de l’Est et de l’Inde.
Les symboles que nous pensions propres à notre civilisation vont se retrouver de façon quasi identique un peu partout en Europe voir dans certaines parties du monde même très éloignées.

Toujours chez les celtes d’Irlande et d’Angleterre dont la plupart de nos traditions sont encore issues aujourd’hui, il existait un alphabet dont toutes les lettres correspondaient à des noms d’arbre. Nous aborderons ce sujet dans un autre article consacré à l’écriture oghamique.
Ils avaient recours à un calendrier appelé « Beth-Luis-Nion » du nom des trois arbres suivants ; bouleau, sorbier et frêne.
La nuit du 23 septembre correspondant à l’équinoxe d’automne était annoncée comme celle du Peuplier Blanc ou E-adba.
Une des significations du peuplier est d’« être vainqueur du doute » et une autre est « le vieil âge » à cause de ses feuilles blanches. Cet arbre est toujours porteur d’une promesse de régénérescence ainsi que l’est également l’automne.

Nous pouvons prendre un autre exemple avec les vrais alchimistes qui considèrent l’automne comme le temps où l’Artiste recueille le fruit de ses travaux. Voyez-y ici des termes ayant pour la plupart des significations cachées mais une fois de plus c’est le moment de la récolte.

Dans les arts, cette saison est souvent représentée par un lièvre, des pampres et des cornes d’abondance remplies de fruits.
Le lièvre fait partie du bestiaire lunaire puisqu’il dort le jour et gambade la nuit. Comme la Lune, il apparait et disparait en silence.
Avec le lapin il est présent dans nos mythologies, nos croyances, nos folklores ; en voici quelques exemples :
. Les lièvres sont liés à la vieille divinité Terre-Mère, au symbolisme des eaux fécondantes et régénératrices, de la végétation, du renouvellement perpétuel de la vie sous toutes ses formes. Encore une symbolique forte de ce que représente l’automne.
. Pour les Aztèques, les taches observaient à la surface de la Lune étaient dues à un lapin qu’un dieu avait jeté à sa face. En Europe, en Asie et en Afrique ces taches sont des lièvres ou des lapins comme le dit la comptine :
« J’ai vu dans la Lune
trois petits lapins
qui mangeaient des prunes
en buvant du vin
tout plein ».

Nous pouvons donc en déduire que cet animal est en lien direct avec une période plus sombre de l’année dont la Lune est le symbole.

Dans les traditions gréco-romaines, la corne d’abondance quant à elle est le symbole de la fécondité et du bonheur mais aussi de la profusion gratuite des dons divins.

Après l’analyse de ces différents éléments il est facile d’en déduire que le cycle des quatre saisons représente le rythme de la vie ; un mythe de l’éternel retour et du perpétuel recommencement.
Il en va ainsi pour les êtres humains, leurs sociétés et leurs civilisations : la naissance, la formation, la maturité et le déclin. L’automne étant la phase de la maturité au sein de ce mouvement.

Lorsqu’il est à l’automne de son existence, l’Homme rentre symboliquement dans la phase de la vieillesse, une forme de sagesse. Il détient tous les secrets, la clé de la connaissance et prend du plaisir dans chaque instant qui lui reste à être sur Terre.

 

Pour conclure que peut-on dire aujourd’hui de l’automne et surtout comment peut-on vivre cette saison en conscience au plus proche de la nature ?

Actuellement les jours et les nuits sont à peu près égaux.
Nous pouvons y voir une forme d’équilibre entre les énergies hautes et les énergies basses que chacun peut ressentir tout au long de l’année. Cela se traduit habituellement par des phases plus ou moins intenses d’activités physique et intellectuelle.

Cette saison dans un processus de  transmutation alchimique va déstructurer les éléments de la nature qui n’ont pas été utilisés et les mélanger à nouveau à la terre  grâce au vent et à la pluie.
Il est désormais question de récolter ce que nous avons semé dans l’année.
Le temps est venu de préparer le repos, de faire le bilan de nos actions passées, bonnes et mauvaises.

La question que nous pouvons nous poser est la suivante : que voulons-nous accueillir en nous ?

Beaucoup d’arbres perdent leurs feuilles, les animaux se préparent  pour l’hiver ; l’énergie de la nature est différente, plus douce. Si nous prenons la symbolique de la respiration, l’automne est vécu comme une forme d’inspiration, de repli sur sa propre personne à l’opposé de l’expiration et de l’ouverture au monde pendant l’été.
C’est un moment de descente en soi et d’introspection qui est tout à fait normal voir salutaire pour se maintenir en bonne santé.
Il est temps d’être à l’écoute de son corps et de ses envies profondes.

Alors qu’attendez-vous pour honorer l’automne en conscience en vous accordant cette douceur et ce repos tant mérités ?

Livres consultés pour la création de cet article.
Dictionnaire des symboles
de Jean Chevalier et Alain Gheebrant aux éditions Bouquins.
Les secrets de l’Univers en 100 symboles de Sarah Bartlett aux éditions VEGA.
Le Dictionnaire Mytho-Hermétique de Dom Antoine-Joseph Pernety par Joseph Castelli et Patrick Pierrot aux « Editions Maçonniques » ©2006.
Entre l’If et le Bouleau. La Voie du druide par Celui du pays de l’Ours
Rituels secrets des Druides d’aujourd’hui de René et Claudine Bouchet aux éditions Trajectoire.
Histoire secrète des Druides de Bernard Rio aux éditions Ouest-France.
Dictionnaire de Mythologie et de Symbolique Celte de Robert-Jacques Thibaud aux éditions Dervy.
Calendrier celtique. Le signe de l’arbre de Michaël Vescoli aux éditions Actes Sud.
Le Masculin sacré de Antinoüs Seranill aux éditions Chronos Renam

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