Mes voyages sur la planète Terre
Retour en forêt amazonienne du côté de Régina sur le sentier de la Savane-Roche Virginie après plusieurs jours noyés dans le vacarme de la ville.
La sensation de se retrouver soi, de se recentrer est immédiate dans cet environnement qui n’a au final d’hostile que l’apparence, à partir du moment où vous suivez les règles de sécurité de base comme : rester sur le chemin, ne pas toucher les plantes ou les arbres sans avoir bien regardé auparavant où vous posez les mains, apporter beaucoup d’eau pour se désaltérer en permanence.
Se fondre dans cette forêt primaire faite d’ombres et de lumières, se faufiler au milieu du layon est un régal de tous les instants. C’est un kaléidoscope de couleurs, une débauche d’odeurs et de sons ; tous les sens sont en éveil permanent.
Je fais un pas sur le sentier et mon regard est attiré à gauche par cet arbre majestueux qui trône à quelques mètres de moi. Un autre pas, je regarde à droite et encore une splendeur de la nature, ainsi de suite à chaque mètre que nous parcourons ma fille et moi.
Les minutes s’écoulent lentement puisque tout est fait pour contempler cet univers végétal.
Ici prendre son temps est essentiel ; la forêt amazonienne se mérite !
Nous alternons entre descentes et montées sur ce chemin escarpé. La chaleur étouffante du milieu avec une température de plus de 30ºC et un taux d’humidité dépassant par endroit les 90% rajoutent à l’aventure mais ne gâche en rien le plaisir.
Saison des pluies, des trombes d’eau se déversent sur nous avant que l’averse ne cesse aussi subitement qu’elle est apparue. La chaleur redouble alors d’intensité en cet instant.
Arrivés au sommet de l’inselberg à 138m d’altitude, j’ai dû mal à croire ce que je vois : la canopée à perte de vue ! La roche nue apparaît sous nos pas. Le granit datant de plus de 2 milliards d’année est de couleur noire. Cela provient des cyanobactéries dont il est recouvert. Ces algues brunes apportent le substrat nécessaire favorisant le développement des plantes dans ce biotope unique au monde.
Température au sol pouvant être atteinte en pleine journée ? 70ºC !
Demain nous nous envolerons pour Saül, village situé dans le parc amazonien à 170 kms de Cayenne. Là-bas, point de route bitumée mais paraît-il, des sentiers de randonnée au milieu de la forêt parmi les plus incroyables qui existent.
À suivre…
Oyapoke est une ville brésilienne que l’on peut rejoindre en voiture par la pont délimitant la frontière entre la France et le Brésil, ou de façon plus exotique, en pirogue directement par le fleuve Oyapock.
C’est un univers bruyant, les odeurs de viandes grillées se mélangent à celles des pots d’échappements et parfois aux eaux stagnantes. La chaleur étouffante rajoute sa dose nauséeuse.
La seule solution ? Se réfugier au plus vite dans un des innombrables magasins pourvus de la climatisation.
Hélas cette stratégie ne peut durer qu’un instant !
Les motos taxis, les voitures ainsi que les camions doivent être vigilants car la route est semée d’embûches. Des trous profonds jalonnent le sol ; le but du jeu étant de ne pas y laisser une roue.
Il y a peu de places pour les piétons à moins d’avoir un corps de géant permettant d’enjamber des trottoirs disproportionnés. Les rues sont jalonnées de boutiques recélant toutes sortes de marchandises.
Que vous cherchiez une gazinière, un hamac, des tee-shirts, un fauteuil, une valise, des gadgets en tout genre pour les touristes venues de France ; vous trouverez forcément votre bonheur.
Mais ne vous y trompez pas, en ayant posé les pieds sur la terre ferme vous êtes bien arrivés dans un autre monde. La sono qui hurle des notes de musique caliente à l’entrée d’un restaurant, la jovialité de cette langue chantante, les habitants qui vous dévisagent au premier regard avant de vous saluer sourire aux lèvres si vous savez faire un signe de la main pour briser la glace.
Cette ville n’est sûrement pas représentative de tout un pays mais aucun doute possible, nous sommes bien arrivés à notre destination ; le Brésil.
Arrivée à Saint Georges de l’Oyapock au Sud-Est de la Guyane.
Une chambre d’hôtel modeste pour se reposer et écouter les sons qui montent de la rue.
Ici la vie s’écoule paisiblement au rythme de l’eau.
De l’autre côté du fleuve Oyapock : le Brésil nous tend les bras.
Inévitablement lorsque vous voyagez en itinérance avec votre sac à dos, vous allez être confronté à certains choix, certaines décisions d’apparence légère ou anodine mais qui peuvent avoir une incidence notable sur la suite de votre trip.
Ce fut le cas à Kourou, la nuit dernière.
Nous découvrons une petite maison d’allure sympathique qui donne envie de s’y poser pour la nuit. Elle est située dans le quartier amérindien. Après avoir pris contact avec la propriétaire bien notée dans un guide prévu à cet effet, nous découvrons ma fille et moi le carbet derrière la bâtisse.
L’endroit abrite correctement de la pluie mais il est ouvert aux quatre vents. Les bâches plastiques faisant office de murs claquent dans un bruit assourdissant.
Je me demande comment nous allons pouvoir passer une nuit reposante avec tout ce vacarme.
Deux choix s’offrent alors à nous : maintenir la décision de dormir ici ou aller nous installer devant la maison sous l’entrée principale où sont déjà quasiment endormis 5 voyageurs de passage. L’endroit est petit, avec très peu d’intimité pour chacun.
J’avoue que la proximité avec les autres, rêver collés-serrés ne m’enchante guère. Notre décision finale est prise, nous dormirons derrière, côté plage. De toutes façons la nuit est tombée depuis un long moment déjà et ce n’est plus le moment de se poser des questions existentielles de ce genre.
Une fois installés, je décide d’aller prendre ma douche dans ce qui ressemble à un local minuscule fait de taules jaunes et grises, avec une porte tenant fermée à l’aide d’un clou et d’une ficelle.
Nous sommes, disons le clairement, dans une certaine forme d’exotisme minimaliste ; la plus sommaire soit-elle. Cela tombe bien car c’est aussi comme cela que j’avais envisagé ce voyage en Guyane.
Au loin un homme me salue. Je ne distingue que son ombre. C’est Edouardo, un argentin d’une quarantaine d’années parti vivre au Brésil car il ne supporte plus la mentalité dans son pays d’origine.
Désormais il tente de trouver du travail en Guyane française sans grande conviction. Il est étonné de me voir ici seul avec ma fille de 13 ans sous un carbet qui n’en a que le nom.
Il loge devant, c’est l’un des 5 possesseurs de hamacs. Il me dit que ce genre de situation serait impossible à Cayenne car trop dangereuse. Je lui précise que je fais attention mais qu’un voyage sans risque n’existe pas.
Il insiste un peu pour que nous venions avec eux, je décline poliment son invitation, il part à la douche.
L’heure du dîner est venue. Laissant la voiture garée devant la maison, nous décidons d’aller nous restaurer à pieds. J’avoue que les rues sombres ne sont pas très engageantes. Hormis quelques chauves-souris géantes venues se goinfrer d’insectes à la lueur des lampadaires et des chiens en liberté allongés à même le trottoir, il n’y a pas âme qui vive.
Après un repas trop cher pour ce qu’il est, comparé à sa saveur (le prix à payer pour dîner en front de mer), nous prenons la route du retour.
Je demande à Mila d’éteindre sa lampe frontale afin de nous faire le plus discret possible dans ces rues désertes. Il vaut mieux surprendre qu’être surpris.
Nos armes de défense ; un simple sifflet pour alerter les fantômes du coin en cas de besoin et faire fuir toute personne mal intentionnée ainsi qu’un opinel dont j’espère n’avoir jamais à me servir pour une autre raison que celle de couper des morceaux de ficelle et tailler du bois lors de mes sorties en forêt.
D’ailleurs comment pourrais-je me défendre avec un si petit couteau ?
À 300 m de la maison les chiens aboient mais ce n’est pas après nous. Un homme chevauchant son vélo passe et s’arrête pour insulter les animaux domestiques qui défendent si bien leur territoire. Nous passons à notre tour et les chiens se taisent. L’homme nous regarde, laisse son vélo au milieu de la route et me demande d’approcher.
Je ne préfère pas, nous avançons, il insiste : « tu as peur hein ! Mais viens voir je te dis ! T’as peur de moi ? ».
Le ton monte, je ne lui réponds plus, nous avançons encore. Quelques mètres à parcourir et nous voici sous le hall découvert de notre hébergement. L’homme continue seul dans la rue à nous haranguer.
Nous observons la scène, positionnés derrière un filet brise-vue. Il part.
Je comprends très vite pourquoi. Une voiture de type tout terrain tourne dans notre rue et c’est elle qui l’a fait fuir. Le flocage du véhicule identifiable entre mille, précise « Police municipale ».
Certains diront que le hasard fait bien les choses mais de mon côté je pense qu’il n’en n’est rien.
Tout a une signification ; il suffit juste d’être attentif aux signes qui se présentent à nous pour les interpréter de la façon la plus juste.
J’arrête la voiture pour expliquer la situation aux policiers. Le chauffeur nous invite à ne plus ressortir ce soir même si pour lui ce n’est pas un quartier de haute délinquance.
Après avoir pris congés du trio, nous filons vers nos hamacs. Eduardo a entendu la scène se dérouler dans la rue, inquiet il vient voir si tout est ok pour nous : « même si en pleine nuit, vous voulez nous rejoindre devant, c’est possible. Il ne faut pas hésiter ».
Merci encore Eduardo pour ta sollicitude, il s’en retourne avec les autres.
Toutes les phrases, tous les événements de la soirée se bousculent dans ma tête. Dormir ici, sans protection sous ce carbet avec un accès direct à la plage ; est-ce bien raisonnable ?
J’attache nos sacs en hauteur et les relie entre eux. Si quelqu’un veut les voler discrètement ce sera compliqué. Munis tous les 2, ma fille et moi, de nos sifflets ainsi que de nos couteaux respectifs, nous tentons tant bien que mal de sombrer dans le sommeil.
L’aventure nous en rêvions ; nous l’avons ! La nuit promet d’être longue.
J’écoute attentivement tous les bruits alentours, le moindre choc, je scrute dans la nuit la plus furtive des ombres ; tout mon corps et mon cerveau sont en alerte. Je m’assoupis doucement.
1h32, les chiens aboient de plus belle. Un sifflement régulier au loin qui ressemble à celui d’un humain, j’écoute attentivement. Le son ne se rapproche pas, peut-être est-ce tout simplement un animal local inconnu pour moi.
Je préfère imaginer cela.
J’ouvre à nouveau les yeux, il est 05h46, le jour se lève.
Finalement nous avons passé la nuit sans encombre et Mila dort paisiblement en position fœtale. Je souris, soulagé. Nous allons pouvoir reprendre notre route pour de nouvelles aventures.
A bien y réfléchir je préfère dormir en forêt que dans certains lieux habités par des humains beaucoup plus imprévisibles que ces animaux que nous disons être des bêtes sauvages.
Le voyage bouscule, il remet en cause vos certitudes. Il permet aussi d’explorer des parties de soi que l’on ne découvre qu’en situation critique ou de stress intense.
Le voyage permet de se découvrir, de se redécouvrir.
À notre retour, nous ne sommes plus tout à fait les mêmes.
Comme aime à dire une de mes amies : « un voyage c’est avant tout un état d’être et nous ne sommes en réalité jamais vraiment prêt pour le départ ».
Ce manguier centenaire déploie ses branches au beau milieu du bagne de Saint Laurent du Maroni appelé aussi Camp de la Transportation.
Il a connu les derniers bagnards et les heures les plus sombres de ce lieu austère devenu aujourd’hui fantomatique.
C’est dans une de ces cellules que nous apercevons sur la photo que fut enfermé Henri Charrière, le célèbre « Papillon ».
Si cet arbre magnifique avait le pouvoir de parler aux hommes du XXIème siècle ; quelles histoires nous conterait-il ?
Apatou est un village qui se situe au bord du fleuve Maroni en Guyane française.
Ce fleuve se jette dans l’Océan Atlantique à plus de 50 kms d’ici.
À marée basse, l’eau se retire et laisse apparaître le monde racinaire incroyable des arbres,
habituellement invisible pour l’œil humain.
Première immersion en douceur dans la forêt amazonienne guyanaise sur le sentier du Rorota.
Des sensations, des odeurs, des sons qui vous emportent dans les pages d’un roman d’aventure.
Une vision extraordinaire de la forêt et de sa végétation luxuriante.
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